Fin du ramadan à Mayotte

Publié le par Charles et Claire

Hier, mardi 24 octobre, c’était la Ide el-fitr à Mayotte ! La fête de la fin du Ramadan. 95% de musulmans à Mayotte. Vous pensez bien que ça a été fêté !

Faut dire qu’il y a de quoi se faire plaisir : 1 mois passé sans manger de 5h à 18h. Je suis arrivé ici au début du ramadan. Les corps et esprits nouvellement engagés dans ce jeune semblaient souffrir. Fatigués, rapidement échauffés parfois, rigolard toujours, plaisantant sur le sujet avec moi, avec nous, les wazungus, dont ils savent bien que nous ne faisons pas le ramadan. « eh, monsieur, c’est ramadan, pourquoi tu manges ? _ je ne fais pas ramadan_ ah ! pourquoi ?_ je ne suis pas musulman_ah, et ils font quoi chez toi ?_ ben euh, le carême, oui c’est ça le carême, vachement dur aussi ! mais bon perso, je ne le fais pas _ mais il n’y a aucun dieu qui va t’accueillir alors ? _ alors là je bloque. Rire de mon interlocuteur. Parfois, taquin, je dis faire le ramadan…jusqu’à 13h, ça fait sourire souvent.

Le suspense a durée jusqu’à dimanche soir. Le Grand Cadi, chargé de surveiller la lune ne l’a pas vu ce soir-là, c’était donc convenu que ce serait mardi et non lundi : spécificité parmi d’autre de l’islam à Mayotte, c’est le Grand Cadi qui décide du début et de la fin du ramadan en fonction de la « visibilité de la lune »(je n’en sais pas plus, aussi je resterai prudent sur le critère exact).

Lorsque j’ai su cela, j’ai envisagé ça sous l’angle suivant : savoir la veille que vous aurez un jour de congé le lendemain. En effet, par respect des pratiques religieuses de 95% de la population de Mayotte, et d’un point de vue pragmatique, sans salariés, ni clients majoritairement occupés à festoyer, l’économie de l’île de fait ne tournerait pas, mieux valait octroyer un jour de congé. C’est ce qu’à fait le Collectivité Départementale de Mayotte (CDM) qui a annoncé lundi matin que mardi serait un jour de congé, et que dans la foulée, il offrait également le pont ce lundi, en tous les cas pour les agents de la collectivité. Et les travailleurs du secteur privé ? Et les fonctionnaires de l’état ? Et les travailleurs de la CDM mis à disposition de l’état ? Certains ont du se poser pas mal de questions lundi matin dans le taxi les emmenant sur leur lieu de travail…Car l’état, via la préfecture, et ses services décentralisés, ne peut pas déclarer un jour de congé. Pour beaucoup des fonctionnaires de l’état, métropolitains expatriés, ils vont travailler comme un autre jour. Les fonctionnaires mahorais musulmans devront prendre un jour de RTT probablement, les salariés du privé un jour de congé non payé...

Au bout du compte, un évènement majeur pour la communauté mahoraise, un certain flou sur QUI est en vacances, payés / pas payés,etc.

Ceci pour donner aussi un autre exemple de la différence et de la nécessité d’adaptation que connaît Mayotte vis-à-vis d’autres DOM.

Enfin, c’était la fête. Saïd, un voisin, après 1 mois de jeune durant le jour, a bien rigolé. Le week-end précédent, il était à Mamoudzou pour effectuer tous les achats pour la fête : cadeaux, viande fraîche, rideaux...Une vrai fourmilière, tellement de monde (cf. photos ou cliquez à droite). Le jour même, il est allé « donner la main » dans sa famille des villages autour de Chiconi, à pied en beau costume. Et même si il a eu des écarts durant ce mois de jeûne, quelques cigarettes discrètement fumés sur notre terrasse, loin des regards de ses collègues (la pression sociale et familiale, peut-être plus que religieuse, est forte ici), 1 café, quelques apéros le soir venu, rien de bien grave, on s’arrangera directement le moment venu…

Publié dans Cultures

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